Le traitement de l’information sociale implicite chez les personnes atteintes d’autisme: le cas des feedback sociaux.
L’interaction sociale repose sur le traitement, très complexe, d’un très grand nombre d’informations dont la nature est variée. La finalité de l’interaction sociale est elle-même variable, mais on sait qu’elle joue un rôle majeur quand il s’agit, pour un individu, de savoir si ses actions, ses comportements, sont socialement acceptables ou non. De fait, c’est souvent par l’interprétation de la réaction d’autrui que l’on sait si l’on peut poursuivre dans une direction ou changer radicalement de voie. La réaction d’autrui est en quelque sorte un feed-back social. Deux types d’information le constituent : l’information qui permet d’accéder directement à l’état mental d’autrui tel que le définit Baron-Cohen dans le contexte de la théorie de l’esprit (Baron-Cohen, Leslie & Frith, 1985 ; Rutherford, Baron-Cohen & Wheelwright, 2002), et l’information qui permet d’accéder indirectement à cet état mental suite à une activité cognitive d’inférence.
La première information peut être qualifiée de feed-back social explicite (« ce que tu fais est inacceptable »), alors que la seconde peut être qualifiée de feed-back social implicite (froncement des sourcils d’une enseignante de maternelle pour indiquer à un enfant qu’il ne faut pas peindre sur les manches de sa chemise). Dans ce dernier cas, c’est le plus souvent l’expression faciale (parfois émotionnelle), la prosodie (le ton utilisé pour parler), ou la gestuelle qui rendent compte de l’état mental d’une personne avec laquelle on interagit. C’est le rôle du traitement de cette information sociale, dans le cadre des apprentissages, qui nous intéresse. Nos investigations impliquent des personnes « ordinaires » (sans troubles particuliers dans le cadre du traitement de l’information sociale) mais surtout une population tout à fait incontournable pour la mise en évidence des conséquences liées à l’incompétence dans le traitement de l’information sociale : il s’agit des personnes ayant des Troubles Envahissants du Développement (TED) , notamment les autistes (DSM-IV F84.0) et les personnes atteintes du syndrome d’Asperger (DSM-IV F84.2). De fait, la définition internationale des critères de diagnostic des TED (APA, 1994 ; WHO, 1992) met au premier plan les troubles du traitement de l'information sociale, troubles ayant une incidence directe sur le niveau de participation sociale des individus.
samedi 12 octobre 2019
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